jeudi 19 février 2015
L'OCCIDENT A LA RECONQUETE DE L'AFRIQUE
Les
guerres occidentales en Afrique se multiplient. En 2008, les USA
créaient Africom, un centre de commandement unique pour toutes leurs
opérations militaires en Afrique. Depuis, il y a eu la Côte d'Ivoire, la
Libye, le Mali... Sans compter la Somalie et le Congo, théâtres de
violentes guerres indirectes depuis des années. Spécialiste de l'Afrique
et auteur chez Investig'Action de « La stratégie du chaos », Mohamed
Hassan nous explique les raisons de ces agressions à répétition. Menées
par un Occident en pleine crise, elles ont pour toile de fond la lutte
contre la Chine et le contrôle des matières premières. Premier volet
d'une série de trois articles sur « Les causes et conséquences de la
guerre au Mali » (IGA).
Ce qui a précédé : crise et guerre
Depuis les
années 70, le capitalisme est en crise. La réaction des dirigeants
mondiaux du capitalisme dans les années 80 a consisté en une politique
ultralibérale et une offensive idéologique acharnée contre le
communisme. En Afrique, en Asie et en Amérique latine, cette politique a
été formulée dans les fameux programmes d’adaptation structurelle (PAS)
qui ont fortement affaibli les États et ont balayé tout ce qui restait
encore des infrastructures et des services sociaux. Dans le monde
capitaliste, toutes les règles ont été supprimées, surtout — et de la
façon la plus radicale — dans le monde bancaire. La législation du
travail, la sécurité sociale et les droits syndicaux ont été également
remis en question.
En 1990,
quand le socialisme s’est effondré en Union soviétique, l’euphorie s’est
emparée de l’Occident : on a parlé de la fin de l’histoire et de la
victoire définitive du capitalisme. Le sigle de quatre lettres, TINA
(pour There is no alternative — il
n’y a pas d’alternative), a été très en vogue. Mais, au milieu des
années 90, cette euphorie s’est quelque peu tempérée et le capitalisme
en crise s’est mis en quête d’une nouvelle image d’ennemi. À cette fin,
la théorie du « choc des civilisations », de la guerre entre
civilisations, de Samuel Huntington, s’est avérée utile. Et, déjà à
l’époque, l’islam a été défini comme l’ennemi.
Sur le plan stratégique, il y a eu le livre influent de l’Américain d’origine polonaise, Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier avec, comme sous-titre, American Primacy and Its Geostrategic Imperatives
(littéralement : « L’hégémonie américaine et ses impératifs
stratégiques » ; c’est devenu « L’Amérique et le reste du monde », dans
la version française). Pour Brzezinski, les États-Unis devaient
s’appuyer sur l’Union européenne et les grands pays est-européens comme
la Pologne et l’Ukraine afin de pouvoir contrôler la totalité de
l’Eurasie, la plus vaste étendue de terre émergée du monde, que
composent à la fois l’Europe et le continent asiatique.
À la fin de la présidence de Clinton est venu le projet PNAC (Project for a New American Century — Projet
pour un nouveau siècle américain), par lequel les néoconservateurs
préconisaient le remodelage du Grand Moyen-Orient. Cela allait être la
politique du président américain suivant, George Bush Jr. Conséquence :
la première décennie de ce siècle fut ébranlée par les guerres en Irak
et en Afghanistan.
Une grossière erreur de calcul
Aussi
violente et impressionnante qu’ait été la guerre en Irak lorsqu’elle
débuta voici dix ans, on ne peut que constater aujourd’hui que les
États-Unis ont perdu cette guerre. Après dix ans d’occupation
américaine, le contrôle politique du pays est aux mains d’un
gouvernement qui écoute davantage le pays voisin, l’Iran — l’ennemi de
toujours de Washington — que ses maîtres américains mêmes. Si, par
l’occupation de l’Irak, l’intention des États-Unis était de contrôler la
production de pétrole à l’échelle mondiale, cela aussi a été un échec :
une partie importante du pétrole irakien part actuellement en Chine. Et
les hausses du prix de l’or noir ont également enrichi des pays
producteurs de pétrole qui ne sont pas en très bons termes avec les
États-Unis : l’Algérie, le Venezuela, la Libye, la Russie. Ces pays ont
pu de la sorte se constituer d’importantes réserves monétaires, ce qui a
accru leurs possibilités de suivre un cours indépendant.
En ce qui
concerne la Russie, dans les années 90 Washington a soutenu les
islamistes radicaux en Tchétchénie dans le but d’affaiblir plus encore
le pays. Au cours d’une lutte sanglante, la capitale tchétchène Grozny a
été réduite en ruines et on a déploré, en outre, le drame des otages à
l’école de Beslan (1). Mais la Russie a tenu bon et, sous Poutine, est
redevenue un pays absolument autonome et indépendant bénéficiant
également d’une forte croissance économique.
Mais c’est
surtout en Chine que les États-Unis se sont trompés. Leur intention,
c’était de voir la poursuite de l’application du libre marché mener
enfin à l’effondrement du système d’État socialiste, comme cela avait
été le cas plus tôt en Union soviétique. Mais cela n’a pas eu lieu et
l’économie chinoise a continué à croître. La Chine a dépassé, l’un après
l’autre, les grands pays capitalistes et est devenue aujourd’hui la
deuxième économie au monde, après les États-Unis, ainsi que la plus
grande puissance commerciale. Si cette évolution se poursuit, ce n’est
plus qu’une question de temps avant que la Chine ne dépasse aussi les
États-Unis. Dans le sillage de la Chine, on trouve, par ailleurs, nombre
de grands pays du tiers monde, comme l’Inde et le Brésil, tandis que
quelques grands pays africains se sont mués eux aussi en pays
émergents : l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigeria. Ensemble, les
principaux pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)
constituent ce qu’on appelle les BRICS.
À mesure
que se développait cette évolution, on était de plus en plus désespéré,
en Occident, par ce « printemps chinois » pro-occidental qui se faisait
attendre et l’idée faisait alors son chemin d’approcher ouvertement la
Chine en tant qu’adversaire stratégique, dans une deuxième « guerre
froide » et une politique d’encerclement, d’endiguement et de
confrontation. Quand, en novembre 2011, le président américain Obama
effectua un vaste périple en Asie, il déclara que les États-Unis étaient
et restaient une « puissance pacifique », faisant allusion à l’océan
Pacifique qui sépare les États-Unis et l’Asie. « L’Asie est désormais la
priorité numéro un des États-Unis », ajoutait-il. Ce n’est pas un
hasard si le premier voyage à l’étranger d’Obama après les élections
présidentielles de 2012 n’a pas eu pour destination l’Europe ou
l’Amérique latine, mais bien la Birmanie, un pays clé dans la politique
d’encerclement de la Chine.
L’importance stratégique croissante de l’Afrique
C’est dans
ce nouveau cadre politique que l’Africom a été fondé en 2008. Il s’agit
d’une importante réforme stratégique des centres de commandement
suprême de l’armée américaine. L’Africom réunit désormais toutes les
opérations de l’armée américaine en Afrique sous un commandement unique
(dont le quartier général se trouve à Stuttgart), alors qu’auparavant
elles dépendaient de trois commandements différents. Il ne s’agit pas
d’une opération de chirurgie esthétique : cette réforme reflète la
grande importance stratégique du continent africain dans la politique
américaine de confrontation avec la Chine.
Les
progrès rapides de la technologie font que de plus en plus de matières
premières sont nécessaires pour l’industrie des pays capitalistes, mais
aussi pour celle de la Chine et des autres économies émergentes. Dans le
sous-sol africain se trouvent d’importantes réserves encore intactes de
pétrole, de gaz et de métaux ordinaires ou rares. On estime que le
continent possède 40 % des matières premières minérales du monde ce qui
lui confère une grande importance stratégique.
La
croissance spectaculaire de la Chine et des autres économies émergentes
requiert en effet d’énormes quantités de matières premières. En outre,
les BRICS ont grandement besoin de possibilités d’exportation et, pour
eux aussi, l’Afrique constitue un marché d’écoulement très prometteur.
Si les États-Unis veulent mettre un terme à l’ascension de la Chine (la
politique de l’ « endiguement »), l’Afrique constitue un élément clé
pour la décennie à venir. En attendant, depuis quelques années, la Chine
est le principal partenaire commercial de l’Afrique. Les États-Unis
viennent ensuite et tous deux ont dépassé les anciennes métropoles
coloniales qu’étaient la France et la Grande-Bretagne.
Conquérir
le contrôle de l’Afrique devient donc urgent pour Washington, et cela ne
peut se faire uniquement par la concurrence des acteurs économiques au
sein d’un marché « libre ». Pour le bloc impérialiste, il s’agit tout
autant d’une question militaire. D’où le rôle décisif joué par les
armées des États-Unis et des pays européens depuis 2011 dans les guerres
en Côte d’Ivoire, en Libye et aujourd’hui au Mali. Ce qui surprend ici,
c’est que les États-Unis se profilent de façon peut-être plus discrète,
aux yeux de l’extérieur, tandis qu’en même temps, par leur Africom et
leur énorme réseau politique et diplomatique, ils tiennent malgré tout
fermement les rênes en main.
Cette
intervention directe des armées des États membres de l’Otan dans les
guerres africaines, avec un rôle clé pour Africom, ne fera que
s’accroître au cours des années à venir. Par ailleurs, Africom est
également impliqué dans un nombre spectaculairement croissant de
programmes de collaboration militaire avec des armées africaines, sous
la forme de formation et d’exercices en commun. Le but est de prendre
pied au sein de ces armées et de faire mener le plus possible les
guerres qui auront lieu en Afrique par des armées africaines — mais,
naturellement, toujours en fonction des intérêts des États-Unis.
Cette
stratégie, Washington l’applique depuis des années déjà dans deux pays
qui sont très importants sur le plan géostratégique : la Somalie et la
République démocratique du Congo. Les armées, respectivement, de
l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Rwanda se chargent sur place du boulot.
Aujourd’hui, les États-Unis passent à la vitesse supérieure dans le
travail préparatoire de ce genre d’interventions. En 2012, une brigade
de l’armée américaine a reçu la mission de mener des activités dans pas
moins de 35 pays africains, un nombre record.
Cette
tentative de soumettre militairement l’Afrique afin de contrôler
l’influence économique de la Chine et des autres économies émergentes
s’effectue sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. Et c’est
ainsi que nous en arrivons au mouvement intégriste islamique et à ce que
les médias ont appelé le « Printemps arabe ».
Mohamed Hassan
Extrait de « Causes et conséquences de la guerre au Mali », article paru dans Études marxistes, n°101. La suite bientôt disponible sur michelcollon.info.
En savoir plus sur http://regardscroises.ivoire-blog.com/tag/michel+collon#MCMWDQsm5VB2YJCD.99
AMINATA TRAORE: LA MILITARISATION POUR LE CONTROLE DES RESSOURCES AFRICAINES FAIT PARTIE DE L'AGENDA

Cameroonvoice :
Nous avons appris avec stupéfaction que les autorités françaises ont
refusé de vous accorder un visa d’entrée en France pour participer à une
réunion publique le 22 avril dernier. Pouvez vous nous confirmer cette
information?
Aminata Traoré :
En fait, j’ai été invitée par Die Linke, un parti de gauche allemand,
et des militants français. Je devais faire un tour à Berlin et par la
suite donner une conférence à Paris et Lille. J’avais un visa de
circulation de 4 ans de l’espace Schengen qui a expiré au mois de
Février.
Quand je
me suis rendue à l’ambassade d’Allemagne pour solliciter un droit
d’entrée dans l’espace Schengen, ils m’ont accordé un visa de trois
jours uniquement pour leur pays en me notifiant que la France a donné
des instructions pour qu’aucun pays de l’espace Schengen ne m’accorde de
visa.
Il
y avait donc une interdiction de circulation dans l’espace Schengen
vous concernant, dont vous ignoriez totalement l’existence?
Non non,
on ne me l’avait pas notifié avant, c’est à la faveur de ce voyage que
je l’ai su. J’ai été autorisée à aller en Allemagne et à revenir au Mali
directement sans fouler le sol de l’espace Schengen mis à part l’
Allemagne. Je ne sais pas si c’était une exception allemande, ou si les
autres pays de l’espace Schengen pourront m’accorder la même « faveur ».
Ma
liberté de circuler est maintenant restreinte. Les consulats européens
échangent entre-eux, des listes de personæ-non-grata, et les
dispositions changent selon la gravité du délit entre guillemets. En ce
qui me concerne, je ne sais pas ce que l’on me reproche. Dans mon cas,
j’ai eu la chance d’avoir cette ouverture de la part de l’Allemagne, mon
compatriote Oumar Mariko (Secrétaire général du SADI, Ndlr), lui il n’a
pas pu voyager du tout.
Vos
prises de position contre l’intervention militaire des forces
étrangères au Mali et notamment celle de la France ne seraient pas la
cause de cette interdiction?
Certainement,
sinon je ne comprends pas pourquoi, la France et surtout les membres de
ce gouvernement de gauche, qui m’ont reçu et qui me connaissent
parfaitement le feraient. En principe, nous partageons les même idées.
Sauf
que, la France considère son intervention au Mali comme une réussite
politique et militaire, c’est le Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui
l’a dit et ce success story de leur point de vue exige certainement un
verrouillage, qu’il n’ y ait pas de critiques, puisque l’unanimité leur
réussit si bien ! Vous vous souvenez bien que toutes les résolutions
concernant cette guerre ont été adoptées à l’unanimité au Conseil de
sécurité des Nations Unies, et avant-hier (mardi 23 avril Ndlr) ils
viennent aussi de voter à l’ unanimité à l’ Assemblée nationale et au
Sénat français pour la prolongation de l’Opération Serval au Mali.
Le
pouvoir politique a changé de main en France voilà bientôt un an et on
peut constater pour le déplorer avec cette opération que la politique
africaine de la France, demeure toujours la même.
Elle
demeure inchangée et il ne nous le cache pas. Le Général De Gaulle l’a
dit: « La France n’a pas d’amis mais des intérêts ». Peut-être c’est
nous qui nous faisons des illusions, François Hollande l’a d’ailleurs
répété récemment en parlant dossier Centrafricain quand François Bozizé
l’appelait à l’aide. Il lui a fait savoir que la France défendait ses
intérêts et ses ressortissants.
Nous
l’apprenons peut-être à nos dépens, parce qu’on se disait aussi que les
temps ont changé et puisqu’ils sont confrontés aux mêmes difficultés que
nous, liées au même environnement économique international, avec les
questions d’aide, de chômage de pauvreté etc. Mais à la lumière de ce
qui se passe, il y a une grille de lecture qui s’applique à l’Afrique,
on est considéré comme des pays en faillite, pas d’états, pas d’armées,
ils peuvent faire la pluie et le beau temps et ne tolèrent pas de voix
discordantes.
Ils
ne tolèrent pas de voix discordantes, pourtant ils se clament chantre
de la liberté de la d’expression. Peut-on interpréter cette interdiction
de territoire comme une entrave à la liberté d’expression, puisque vous
avez un point de vue discordant?
Oui!
Pourtant moi je n’ ai pas changé, tout ceux qui me suivent depuis savent
que j’ai pas changé de discours ceux sont les mêmes idées que je
véhicule. Je ne m’attaque à personne, je condamne tout simplement un
système économique mondial cynique et la guerre fait partie de ce
système.
Aujourd’hui,
la militarisation pour le contrôle des ressources de l’Afrique fait
partie de l’agenda. C’est ce que j’ai dit et c’est ce qu’eux-mêmes ils
reconnaissent! Alors moi malienne, pourquoi je n’ai pas le droit de
poser ce regard sur les réalités de mon pays en guerre!
Comment
envisagez-vous l’avenir du Mali et de la sous-région suite à cette
intervention militaire française appuyée par des troupes africaines?
Je pense
que les troupes africaines sont mises à contribution, et comme je l’ai
déjà dit dans mon manifeste ce n’est pas notre guerre, nous sommes
entrés dans une phase de la globalisation qui implique la diplomatie
économico-offensive et la militarisation.
Mais
seulement, Al Qaida est une réalité et en même temps une aubaine, elle
permet aux dirigeants Africains qui ont mal géré de dire maintenant que
la priorité, c’est la lutte contre le terrorisme et aux puissances
étrangères de dire: Faisons cause commune, luttons d’abord contre le
terrorisme.
Et moi,
je dis que le véritable terrorisme c’est la misère, c’est les
injustices, parce que je sais qu'une bonne partie des combattants des
djihadistes sont avant tout, des jeunes désespérés sans boulot, ils
n’ont pas de visas et se font recruter à la fois par les
narcotrafiquants et les djihadistes. C’est cette réalité qu’il nous faut
regarder maintenant de près.
Quelles leçons devrons nous tirer de la situation au Mali et de ce qui vous arrive à vous?
Je
souhaite que les Maliens et les Africains s’ouvrent grandement les yeux
et les oreilles et se disent qu’en réalité, il n’y a pas un cas malien.
Ce qui se passe aujourd’hui au Mali est l’illustration d’une nouvelle
étape de la politique de mainmise sur les ressources du continent,
notamment les ressources énergétiques, sans lesquelles la sortie de
crise, la croissance et la compétitivité ne sont pas envisageables par
l’Occident.
Au lieu
de jouer cartes sur table et changer les règles du jeu on préfère, nous
écrire une autre histoire, nous humilier, nous culpabiliser. Avec tout
ce qui se passe je considère que le Mali est humilié, il y a donc aucune
raison d’en ajouter en gardant le silence et c’est ce que tout le monde
fait, et les occidentaux le savent pertinemment.
Raison
pour laquelle, je me réjouis aujourd’hui de ce soutien international
parce qu’il y a énormément de gens qui ne comprennent pas, quelque soit
la différence de lecture, qu’un tel traitement me soit réservé. C’est
donc une nouvelle phase de la décolonisation de l ‘Afrique. Il nous
appartient maintenant à nous mêmes de voir ou sont les véritables défis.
Source: CAMEROON VOICE
samedi 14 février 2015
Boko Haram : le bras armé de l’Occident pour détruire le Nigéria et chasser la Chine du Golfe de Guinée
Les amis du Nigéria ne sont pas ceux qui, par une communication surfaite, proposent leur « aide » pour lutter contre la secte islamiste. Il s’agit plutôt d’embrasser l’ennemi nigérian pour mieux l’étouffer ! Premier pays producteur de pétrole en Afrique et sixième mondial avec 2,5 millions de barils par jour, le Nigéria a commis le « crime » de céder des puits de pétrole à la Chine. Une concurrence jugée insupportable pour les USA, la France et l’Angleterre qui pompent le pétrole nigérian sans inquiétudes depuis 50 ans. De leur côté, les pétromonarchies arabes s’inquiètent d’un Nigéria trop puissant qui pourra ne plus se soumettre au diktat de l’Arabie Saoudite et du Qatar sur le marché du pétrole et du gaz. A l’image de l’Iran (2ème) et du Venezuela (5ème producteur de pétrole mondial) qui gèrent leur pétrole en toute souveraineté. Boko Haram est le cheval de Troie qu’utilisent les puissances impérialistes pour contrer la Chine et détruire la première puissance économique africaine qu’est devenu le Nigéria en le divisant en deux états comme au Soudan.

Quelques questions pour briser le tabou
Première puissance économique africaine depuis le premier trimestre 2014, premier pays producteur de pétrole en Afrique, le Nigéria qui conserve par ailleurs sa confortable position de première puissance démographique (180 millions d’habitants) du continent retient de plus en plus l’attention des médias. Seulement, dans les chaînes de télévision ou les colonnes des journaux, cette triple puissance qu’est le Nigeria est désormais réduite à un nom devenu son synonyme : Boko Haram. Présenté par les« grands »medias « presstitués » comme un groupe de « fous de Dieu », Boko Haram n’aurait pas d’autres visées que de créer un Califat dans une partie du Nigéria, à défaut de soumettre tout le pays à la loi islamiste, la Charia. Aucun lien avec les puissances impérialo-capitalistes engagées dans une lutte à mort pour conserver l’hégémonie mondiale face à la Chine. Et grâce à la grande communication faite autour de l’ « enlèvement » le 14 avril 2014 de plus de 200 jeunes filles (le nombre varie en fonction des sources) dans la localité de Chibok, la secte islamiste a acquis une renommée planétaire. Ses actions sont relayées autant que celles des autorités nigérianes sont censurées. Comme pour prouver aux yeux du monde que le président nigérian, Jonathan Goodluck n’a paradoxalement aucune chance !Mais est-ce une surprise si ces médias « oublient » systématiquement de vous dire à qui profitent en dernier ressort les crimes commis par la secte Boko Haram ? Pourquoi notre grande presse garde-t-elle un silence complice sur les origines des fonds et des armes lourdes qui permettent aux adeptes de Boko Haram de semer la mort au Nigeria, et bientôt au Cameroun ? Pourquoi les médias qui arrosent le monde ne diffusent-ils pas ce câble de Wikileaks qui citait nommément l’ambassadeur des Etats Unis d’Amérique à Abuja, Terence P. MacCulley comme le coordinateur des actions de déstabilisation du Nigéria ? Face à la redéfinition des équilibres géostratégiques imposée par la pénétration de la Chine en Afrique, Boko Haram comme la Séléka en République centrafricaine est devenue une arme redoutable pour préserver la mainmise des multinationales occidentales sur les matières premières et accélérer la mise en place d’Africom, le Commandement militaire US pour Afrique.
BokoHaram : à qui profitent les crimes de la secte islamiste ?
Pour envahir l’Irak et tuer son président au nom du pétrole, les Etats Unis d’Amérique de Georges Bush ont trompé la planète entière en affirmant que Saddam Hussein, devenu l’ennemi à abattre détenait des Armes de destruction massive. Colin Powell est allé plus loin en sortant des tubes à essai qu’il a présentés en mondovision comme les échantillons de ces armes à la disposition de Saddam Hussein. 10 ans après, tout le monde a constaté qu’il s’agissait d’un gros mensonge made in Washington.En 2011, une vidéo sur le chef de guerre congolais Joseph Kony postée sur You Tube et largement commentée dans les médias a été regardée dit-on par plusieurs millions d’internautes. Stupéfaits par les crimes de Joseph Kony, les internautes du monde entier ont juré la perte de Kony. En retour, les USA ont proposé leur aide pour officiellement traquer les troupes de l’Armée de Résistance du Seigneur que commande l’ « invisible » Kony. Trois ans après, le résultat est le suivant : Joseph Kony est toujours en fuite. Mais au nom de sa traque, les USA ont installé des bases militaires en République démocratique du Congo, en Ouganda, en République centrafricaine, etc.
Autrement dit, à travers cette campagne, Washington a solidement installé les bases militaires dans cette partie de l’Afrique particulièrement riche en minerais précieux et très sollicités par la Chine qui en a grand besoin pour son industrialisation. (Voir carte ci-dessous)

Bases militaires étasuniennes en Afrique
Le Nigéria fait son entrée dans la gueule du loup
Membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) depuis 1971, le Nigeria garde le record de putschs en Afrique. Le pays a connu plusieurs groupes irrédentistes parmi lesquels le Mouvement pour la Survie du peuple Ogoni (Mosop) que dirigeait l’écrivain Ken Saro-Wiwa (pendu en 1995), le Mouvement pour l’Emancipation du Delta du Niger (Mend). Le Mosop et le Mend avaient des revendications clairement formulées : gestion inclusive des ressources pétrolières. Les membres des deux organisations faisaient recours aux moyens légaux descendant dans la rue pour manifester mais n’hésitaient pas à prendre les armes pour s’attaquer au pouvoir central ou aux compagnies pétrolières, sources de leurs malheurs.BokoHaram : un fantôme à plusieurs facettes
Crée à Maiduguri par Mohamed Yusuf en 2002, au lendemain des attentats du 11 septembre, Boko Haram évolue au gré des événements politiques nigérians et des orientations géostratégiques dessinées par les grandes puissances occidentales.De 2002 à 2006, la secte s’inscrit dans la logique de recrutement-endoctrinement. Néanmoins, elle effectue quelques actions de violence comme pour prouver sa capacité d’action et se faire connaître. De 2006 à 2009, au fur et à mesure que le sudiste Olusugun Obasanjo s’obstinait à modifier la constitution (2006) pour briguer un troisième mandant à la tête du Nigeria, Boko Haram franchit un pallier dans la violence.
Les Etats de Bauchi, Wudil, Potiskum ,Maiduguri, Borno, Yobe, Kano deviennent le théâtre des violences incessantes. Celles-ci ont fait des morts aussi bien dans les rangs des forces de sécurité que dans la population civile et les adeptes de la secte. Son fondateur a d’ailleurs été exécuté en juillet 2009. Mais, comme cette hydre mythologique dont une tête coupée en faisait renaître 1000, Mohamed Yusuf n’est pas mort avec Boko Haram.
Quand Boko Haram s’invite dans la lutte pour le pouvoir entre le Nord et le Sud
Il est un élément qui permet de comprendre le versant nigéro-nigérian du phénomène Boko Haram. Entre 2006 et 2007, le président nigérian d’alors, Olusegun Obasanjo use de tous les stratagèmes pour écarter le candidat favori du Nord à la présidentielle.Atiku Aboubacar qui a pourtant été son vice-président de 1999 à 2007 est tantôt accusé de corruption, tantôt exclu du parti au pouvoir, le Parti Démocratique Populaire (PDP). Déçu, il quitte le PDP et se présente sans succès à l’élection présidentielle de 2007 sous la bannière du Parti populaire de Tout le Nigéria (ANPP).
Finalement, c’est le malade Umaru Yar’Adoua qui succède à Obassanjo. Yar’Adoua est certes du Nord, mais il n’a pas le poids politique, encore moins le soutien populaire dont jouit le richissime Atiku Aboubakar que l’entourage d’Obassanjo trouve trop proche de Washington. Ce qui est sûr c’est que depuis cette brouille de plus et peut être de trop entre le Nord et le Sud, Boko Haram est devenu plus violent que jamais. S’attaquant aux écoles, églises chrétiennes et autres lieux publics. Avec ce nouveau redéploiement, l’on constate que la secte devenue le cheval de Troie de l’élite du Nord Nigéria dispose désormais d’armes lourdes. Ses troupes aujourd’hui estimées à 30 000 hommes, sont plus disciplinées, semblent plus entraînées. Bref elles sont devenues plus « professionnelles » ! Ceci fait immédiatement penser au deash en Irak c’est-à-dire une arme de chantage manipulée par des intérêts occultes…
Finalement, le 5 mai 2010, à la mort du président nordiste OumarouYar’Adoua qui n’a pas fini son mandat, le pouvoir revient au Sud avec l’élection de Jonathan Goodluck, originaire de la région pétrolifère du Delta du Niger. Les musulmans du Nord se sentent une fois de plus floués. Ils estiment que la bande à Jonathan Goodluck et Obassanjo a violé l’accord tacite qui veut que non seulement le Nord et le Sud dirigent le pays à tour de rôle, mais aussi qu’il revient à chaque partie de choisir son candidat-président.
Une disposition que le parti au pouvoir aurait violé aussi bien en 2007 qu’en 2011. On comprend par là pourquoi à l’approche de l’élection présidentielle de 2015, Boko Haram multiplie les actes de terreur qui visent sur le plan interne à fragiliser le président sudiste Jonathan Goodluck.
Pour cette mission, les grands médias jouent un rôle déterminent. Ils font une communication sélective qui consiste à communiquer sur les actions de Boko Haram et à passer sous silence les actions des forces de sécurité nigérianes qui ont fait leurs preuves à plusieurs reprises. En 2009 par exemple, l’armée nationale a infligé une cinglante déculottée aux membres de la secte, tuant son fondateur Mohamed Yusuf et un millier de ses combattants. Dans une lettre datant du 9 août 2009, Sanni Umaru qui s’est présenté comme le successeur de Mohamed Yusuf a reconnu la perte de plus de 1 000 hommes par Boko Haram. Certes gangrené par la corruption, le gouvernement fédéral n’est pas (pour l’instant) l’éléphant mort que vous présente votre téléviseur !
Le Nigéria est confronté à la guerre de quatrième génération et dans celle-ci, la guerre de l’information est un pilier central. Les mediamensonges des journaux et télévisions « presstitués » deviennent des obus de mortier qu’on tire du matin au soir. Notre poste de télévision devient un fantassin de l’ennemi installé dans notre propre salon, tirant jour et nuit en direction de notre cerveau !
Avec les financements de l’élite du Nord et ceux des acteurs extérieurs, la secte islamiste s’est suréquipée et dispose désormais d’armes lourdes ainsi que des chars. Outre les soutiens financiers et logistiques, ces islamistes terroristes bénéficient d’importantes complicités dans l’administration et dans les forces de sécurité. Ce sans quoi il n’aurait jamais été possible d’enlever plus de 200 filles dans un établissement scolaire et disparaitre sans être appréhendé. Parmi les financiers de Boko Haram, le Qatar et l’Arabie saoudite sont en tête de peloton bien sûr pour le compte de l’empire certes mais avec l’avantage de déstabiliser un acteur majeur et futur rival sur le marché du pétrole et du gaz. En 2050, le Nigéria seule aura environ 400 millions d’habitants, soit la troisième puissance démographique du monde. Cela n’arrange pas les affaires de beaucoup de gens...
La dimension occidentalo-impérialiste : fragiliser le Nigeria et écarter la Chine
Les puissances sont jalouses de leur position et des privilèges y afférents. Elles s’emploient à freiner toute concurrence, aussi petite soit-elle. En tant que triple puissance (démographique, économique et pétrolière) africaine, le Nigéria s’est involontairement attiré des ennemis hors du continent. Pour ne pas arranger les choses, l’ancien président Olesugun Obasanjo a commis le « crime » de briser le monopole des entreprises occidentales dans l’exploitation des vastes gisements de pétrole du Nigéria en ouvrant les puits au Chinois.En effet, pendant plus d’un demi-siècle les compagnies pétrolières françaises, anglaises et étasuniennes ont régné en maîtres imperturbables dans la production pétrolière au Nigéria. Et puis, coup de théâtre ! En avril 2006, le président Obasanjo qui n’a pas reçu l’appui des Occidentaux dans sa tentative de modifier la constitution pour se maintenir au pouvoir se fâche et se tourne vers la Chine. Au grand dam de Shell, Texaco, Chevron…, les autorités nigérianes annoncent en grandes pompes avoir signé un contrat d’exploitation avec la compagnie pétrolière China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) pour plus de deux milliards de dollars avec une prévision de production de 225 000 barils jour. Dans la même logique, le président Obasanjo a négocié un prêt d’un milliard de dollars auprès du gouvernement chinois afin de financer la réhabilitation des voies ferrées du Nigéria et acheter du matériel roulant. La partie chinoise se donne deux ans pour produire son premier baril de pétrole au pays de ken Sarowiwa et de Wole Soyinka.
Ce rapprochement Abuja-Pékin crée des insomnies dans les capitales occidentales. Perdre le contrôle du Nigéria qui produit 2,5 millions de barils par jour est un coup dur pour Paris, Londres et Washington. D’autant plus que le Nigéria et son voisin le Cameroun constituent une sorte de glacis stratégique incontournable pour le contrôle du Golfe de Guinée.
De leur côté, l’Arabie Saoudite et le Qatar s’inquiètent de voir le premier producteur africain de pétrole s’affranchir de leur tutelle. L’Iran, deuxième producteur de l’or noir au monde se moque des directives éditées par l’Arabie Saoudite et le Qatar. Le Venezuela, cinquième producteur mondial de pétrole s’est affranchi des directives des monarchies arabes et de l’impérialisme occidental depuis plus d’une décennie. Il gère son pétrole en toute souveraineté. Or, Ad vitam Aeternam, ces pétromonarchies entendent être le centre de régulation du marché du pétrole mondial. Ce qui est le seul lot de consolation que leur laisse l’impérialisme occidental.
Face aux velléités souverainistes du Nigéria, les réactions ne se font pas attendre. Chez l’Oncle Sam, on le sait, la meilleure défense c’est l’attaque ! L’administration US lance précipitamment son Commandement militaire pour l’Afrique en 2008, année où la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) démarrait ses activités pétrolières dans le premier pays producteur de pétrole en Afrique. Dans la précipitation, les USA n’attendent pas l’obtention d’un accord de siège pour lancer l’Africom. Il faut faire quelque chose. Point besoin d’attendre qu’un pays africain accepte d’abriter Africom pour le lancer. Six ans après son lancement, ce Commandement militaire étasunien pour l’Afrique est toujours basé à… Stuttgart en Allemagne.
Certains peuvent toujours y voir une simple coïncidence. Mais, cela n’enlève rien sur le fait que le Commandement militaire étasunien pour l’Afrique ne vise pas à lutter contre le terrorisme comme l’indique le discours officiel. Africom est le bras militaire de la diplomatie US pour contrer l’émergence d’une puissance endogène et surtout écarter la Chine de Afrique. Pour éviter que l’Empire du milieu ne s’empare de leur place de première puissance économique mondiale, les USA, incapables de fermer les industries chinoises, empêchent que celles-ci puissent accéder aux matières premières qui leur sont indispensables.
La CIA à l’œuvre
S’appuyant sur les câbles de Wikileaks, l’organisation Greenwhite Coalition affirme que pendant plusieurs années, les USA ont déployé les gros moyens pour déstabiliser le géant d’Afrique. En fouillant dans sa mémoire, le pays de Georges Bush a constaté que les troupes de l’Ecomog (EconomicCommunity of West African States Monitoring Group), la force militaire de la CDEAO (Communauté de développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest), majoritairement constituée de militaires nigérians avait joué un rôle important (institution de cessez-le-feu) dans les guerres civiles au Libéria et en Siéra-Léone dans les années passées.Craignant que le Nigéria utilise l’Ecomog pour supplanter l’influence des grandes puissances dans la sous-région, le président Georges Bush, fonde l’Acri (Africa Crisis Response Initiative ) en 2004. Avec l’aide de la CIA, l’Acri recrute des jeunes islamistes qu’elle forme à la collecte du Renseignement, au maniement des armes, aux techniques de survie. Les jeunes formés sont mis à la disposition de la secte BokoHaram qui s’en sert pour semer la mort !
Greenwhite Coalition constate également que la CIA a installé les camps d’endoctrinement et de formation le long des frontières poreuses du Nigéria, du Cameroun, du Tchad et du Niger. Bien plus, un autre câble diplomatique US révèle que pour conduire la déstabilisation du Nigéria, l’ambassade US au Nigéria est devenue un véritable laboratoire. Pour mieux mener le sinistre projet, Washington n’a pas trouvé mieux que Terence P. MacCulley pour occuper le poste d’ambassadeur dans ce pays. Terence P. MacCulley n’est pas un diplomate comme les autres. En plus d’être le coordinateur de la politique étrangère d’Africom, il est l’un des architectes de l’Africa Crisis Response Initiative. Son expérience est mise à contribution pour fragiliser le pouvoir fédéral afin de justifier l’intervention des pays de l’OTAN.
Il n’aura échappé à personne que les attaques de la secte islamiste se font désormais avec une précision digne d’une armée professionnelle bien entrainée ! Elle dispose d’un effectif que la rançon issue du marchandage des otages ne peut payer. Car pour enrôler, nourrir, équiper et soigner des milliers de combattants comme c’est le cas de Boko Haram, il faut avoir des financements importants et réguliers. Or le business des otages n’obéit pas à cet impératif.
Quand Michelle Obama fait le marketing des drones US au Nigéria
Pour mieux comprendre l’implication des USA dans la déstabilisation du Nigéria, il faut revisiter les derniers évènements qui se rapportent à ce pays. Le dernier en date est incontestablement la campagne « Bring Back our girls », lancée personnellement par la première dame des Etats Unis d’Amérique. Restée en retrait pendant les six premières années de présidence de son mari, Michelle Obama s’est muée en mascotte du complexe militaro-industriel US. En lançant la campagne Bringbackourgirls sur facebook, elle a légitimement attiré l’attention du monde sur le sort des 200 filles enlevées par la secte islamiste.Mais, ce qu’on ne dit pas c’est que Michelle Obama a trouvé un nouveau ciel pour les drones US et un nouveau terrain d’actions pour les Marines et autres forces spéciales étasuniennes. Au nom de la recherche des 200 lycéennes, le président étasunien a décidé l’envoi de 70 militaires au Tchad.
Obama en a profité pour renforcer les effectifs militaires US au Nigeria. Jusqu’en mai 2014, 50 soldats étasuniens étaient régulièrement affectés à l’ambassade des USA au Nigéria. 20 Marines y assuraient la formation des militaires locaux. La campagne lancée par Michelle Obama a permis d’accroitre ce nombre.
Rappelez-vous la campagne lancée pour nous avait-on dit, traquer Joseph Kony. Elle a permis aux USA de quadriller le Congo, l’Ouganda, la RCA… Brink back our girls permet de quadriller l’Afrique de l’Ouest. Etablissant l’axe Mogadiscio-Ouagadougou, avec 12 pays sous la botte de Washington. A ce jour, 29 pays africains ont accordé le droit aux USA d’utiliser leurs aéroports. Et n’oubliez jamais que les forces spéciales sont toujours précédées des hommes de Renseignements qui collectent certes des données utiles pour les militaires, mais font de l’espionnage économique et industriel au service de l’Empire. On voit à qui profite les crimes de Boko Haram en dernier ressort. La guerre c’est le plan !
Boko Haram : un poker menteur très rentable
En français, BokoHaram veut dire : « l’école interdite ». Boko renvoie au livre Book et Haram veut dire interdit. Son contraire est Halal. Plusieurs « spécialistes » et « experts » de Boko Haram préfèrent la traduction suivante : « L’éducation occidentale est un péché ».Cependant, il est étonnant de constater que Boko Haram ne s’attaque pas aux intérêts des Occidentaux qui sont pourtant ses ennemis objectifs si l’on en croit la traduction des « experts ». Au Nigéria, les grandes marques occidentales ne manquent pourtant pas. Les plus visibles dictent la loi dans le pétrole qui est la principale source en devises du pays.
Au lieu de s’attaquer à elles pour confirmer le caractère Haram de l’Occident, la secte préfère s’en prendre aux Nigérian(e)s dont le crime inexpiable serait d’être chrétien(e)s ou de fréquenter une école laïque. Aboubakar Shekau n’a-t-il pas revendiqué l’enlèvement des 200 filles dans une vidéo ? Quelle incohérence ! Boko Haram est donc ce que son nom n’indique pas. Autrement dit Boko Haram n’est pas ce que vous en savez.
Contrairement à Boko Haram, le Mouvement pour la Survie du Peuple Ogoni et le Mouvement pour l’Emancipation du Delta du Niger s’opposaient ouvertement aux intérêts de l’Occident. Les deux organisations s’en prenaient directement aux multinationales pétrolières et à leurs relais nigérians. En 1992, trois ans avant sa pendaison à Port Harcourt le 10 novembre 1995 par le régime de Sani Abacha, l’écrivain Saro-Wiwa (assassiné avec 8 autres militants du Mosop) indexait les compagnies pétrolières en termes : « L’exploration pétrolière a transformé le pays ogoni en immense terrain vague. Les terres, les rivières et les ruisseaux sont en permanence entièrement pollués ; l’atmosphère est empoisonnée, chargée de vapeurs d’hydrocarbures, de méthane, d’oxydes de carbone et de suies rejetés par les torchères qui, depuis trente-trois ans, brûlent des gaz vingt-quatre heures sur vingt-quatre tout près des zones d’habitation. Le territoire ogoni a été dévasté par des pluies acides et des épanchements ou des jaillissements d’hydrocarbures. Le réseau d’oléoducs à haute pression qui quadrille les terres cultivées et les villages ogoni constitue une dangereuse menace ». Poursuivi par les familles des victimes pour complicité dans l’élimination de Saro-Wiwa et ses compagnons, le pétrolier Shell a accepté de payer 15,5 millions de dollars en juin 2009.
La rançon de la mauvaise gestion
Si BokoHaram recrute avec tant de facilité au Nigéria, c’est aussi parce que les dirigeants successifs de ce pays se sont illustrés par une redistribution inéquitable des ressources pétrolières. Exemple : l’écart entre le taux de scolarisation au Sud et au Nord du pays est abyssal. Pareil pour la couverture sanitaire. Tenez ! Sur 100 000 femmes qui enfantent au Nigéria, 1 800 meurent au Nord contre 80 dans le Sud du même pays. Face à cette misère entretenue par les hommes politiques généralement empêtrés dans les affaires de corruption et de détournement de deniers publics, les populations des zones lésées sont réceptives aux manipulations.Pour attirer le maximum de personnes qu’il a finalement converties au djihad, Mohamed Yusuf, le fondateur de Boko Haram insistait dans ses prêches sur ces inégalités. Il pointait le pouvoir fédéral comme étant la cause du chômage des jeunes. Et ces derniers étaient nombreux qui attendaient leur premier emploi après plusieurs années d’études universitaires. En usant de tous les subterfuges pour écarter le nordistes, Atiku Aboubakar et placer le malade Omaru Yarad’oua, Olesugun Obasanjo à renforcé le clivage Nord-Sud et Boko Haram prospère au Nord parce qu’il a le soutien de l’élite nordiste. Les Nordistes sont prêts à tout pour qu’un sudiste ne remporte pas l’élection de 2015.
L’issue de cette consultation électorale déterminera probablement le cours de l’histoire du Nigéria. Si un ressortissant du Sud gagne, les actes terroristes de Boko Haram vont vraisemblablement se multiplier. Un rapport circonstancié du National Intelligence Council des USA évoque d’ailleurs une probable partition du Nigéria en 2015. Par contre si un nordiste l’emporte, les données pourront changer. Les musulmans verront l’arrivée d’un des leurs à la tête de l’Etat fédéral comme la correction d’une injustice. Comme un instrument au service de l’élite nordiste du Nigéria, BokoHaram aura atteint l’une de ses missions historiques. Mais, puisqu’elle est aussi et surtout au service des puissances étrangères, Boko Haram pourra migrer vers un autre pays exactement comme l’ont fait les djihadistes takfiri abandonnant la Lybie conquise pour la Syrie de Bachar Al-Assad. En clair, ses combattants pourront être envoyés sur un nouveau front pour une mission similaire : contrer la Chine et obtenir des contrats léonins pour les multinationales occidentales.
Après le Nigéria, le Cameroun ?
Le Cameroun est la cible idéale pour les puissances impérialistes occidentales. Pourquoi le Cameroun de Paul Biya ? Comme le président centrafricain François Bozizé renversé par une coalition rebelle en mars 2013, le malheur de Paul Biya c’est d’avoir décidé de diversifier les partenaires économiques du Cameroun. Ainsi, ce pays considéré depuis près d’un siècle comme bastion imprenable de la France a largement ouvert ses portes à la Chine. En 10 ans, l’Empire du milieu a supplanté la France dans l’économie camerounaise. Gagnant progressivement tous les grands marchés : construction des barrages de Mekin et M’mvelle, construction de l’autoroute Douala-Yaoundé, construction du Complexe industrialo-portuaire de Kribi, etc.Le Cameroun c’est aussi le verrou du golfe de Guinée et la gâchette de toute l’Afrique. On l’appelle « l’Afrique en miniature ». Déstabiliser ce pays c’est la garantie de mettre le feu à tout le Golfe de Guinée. Déjà, depuis plus de deux ans, les incursions de la secte nigériane ont presque totalement détruit le commerce de bétail dans le nord du Cameroun alors que la misère sociale est justement la raison essentielle pour laquelle la secte recrute si facilement ses djihadistes. La stratégie du chaos est donc bien en marche. Jusqu’ici, les seuls otages occidentaux attribués ou revendiqués par la secte nigériane Boko Haram ont été enlevés au…Cameroun.
Le 19 février 2013, une famille française constituée de Tanguy Moulin-Fournier et son épouse, leurs quatre fils et Cyril le frère de Tanguy sont enlevés à l’extrême-Nord du Cameroun. En visite en Grèce, François Hollande réagira tout de suite en indiquant que cette famille est entre les mains de Boko Haram. Boko Haram n’avait encore fait aucune revendication de ce rapt. Il a fallu attendre le 21 pour qu’Aboubakar Shekau revendique l’enlèvement. En novembre de la même année 2013, un autre Français, Georges Vandenbeusch, 42 ans est enlevé à Nguetchewé, localité du Nord-Cameroun. Le Conseil épiscopal du Cameroun n’a signé aucun communiqué rendant public cet enlèvement. L’instance est restée tout aussi muette après la libération de Vandenbeush le 31 décembre. Ce qui est inhabituel. Lorsqu’un prêtre catholique est en difficulté, le Conseil épiscopal prend officiellement position en condamnant l’acte. Ce qui n’a jamais été le cas pour Georges Vandenbeusch qui était pourtant présenté comme prêtre catholique. Le 5 avril 2014, les prêtres italiens Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, ainsi qu’une religieuse canadienne sont enlevés à Tchère, à environ 20 kilomètres de Maroua, capitale de la Région de l’Extrême-Nord Cameroun. L’enlèvement est attribué à la secte islamiste. On dirait que BokoHaram ne voit les Occidentaux qu’au Cameroun !
En fait, à travers ces enlèvements, la secte islamiste et ses financiers impérialistes veulent faire passer dans l’opinion internationale que le régime de Yaoundé est incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens et des étrangers et ainsi préparer les esprits à une future occupation militaire du pays comme en Centrafrique.
Une nouvelle carte de l’Afrique se dessine. Les frontières issues de la colonisation n’arrangent plus ceux qui les ont tracées à l’époque. Des informations sérieuses parlent de la constitution d’un nouvel état regroupant le nord du Nigéria, du Cameroun, de la Centrafrique et le sud du Tchad et qui sera un émirat islamique comme celui qui se prépare en Irak.
Finalement, la guerre contre Mouammar Kadhafi en Libye n’est pas différente de celle qui a plongé le Mali dans le chaos. La différence entre le renversement de Laurent Gbagbo en Côte-D’ivoire et de celui de François Bozizé en Centrafrique c’est l’identité des présidents renversés. Au Nigéria, les actions de Boko Haram servent les mêmes intérêts que ceux de la Séléka en République Centrafrique. Par ces temps de faillite économique en occident, les pays de l’Otan, conduits par le nouveau couple anthropophage : USA-France veulent endiguer la pénétration chinoise et reprendre les énormes ressources naturelles disponibles dans cette partie du monde.
Il est également question de déstructurer le continent africain qui sera tout de même la première puissance démographique mondiale en 2050 avec deux milliards d’habitants. Dans cette troisième guerre mondiale qui est la lutte pour l’hégémonie planétaire, tout Etat souverain est un danger pour l’Occident et tout Etat très grand doit être divisé en entités plus facilement manipulables comme au Soudan, et comme prévu pour l’Irak.
La guerre risque d’être longue et large. La campagne d’occultation des vraies causes aussi. Et la grande force de l’impérialisme est de toujours faire porter la responsabilité de ses guerres par d’autres. Ce qui complique évidemment la compréhension des causes profondes et des objectifs finaux des conflits contemporains. Face à cela, le choix devient simple pour les africains : soit combattre pour leur libération définitive et travailler pour devenir la puissance émergente du 21ème siècle, ou alors accepter une recolonisation directe qui cette fois est bien partie pour durer 1000 ans !
Source : "Le Journal de l’Afrique n° 003", 24 octobre 2014, Investig’Action
Lutte contre la corruption en Chine : des milliardaires exécutés pour l'exemple
La Chine a exécuté
cinq hommes cette semaine. Parmi eux, le milliardaire de l'industrie
minière Liu Han ainsi que son frère et trois complices, reconnus
coupables d'avoir organisé un gang mafieux et commandité plusieurs
meurtres. Au total, 68 hauts responsables du Parti communiste chinois,
dont le maire de Nankin, 72 000 cadres de plus bas niveau et quinze
généraux ont été arrêtés ces derniers mois en Chine.
S'attaquer aux "tigres" et aux "mouches"
Le nouveau maître de la Chine, le président Xi Jinping, s'est attaqué aux "tigres" et aux "mouches" : les "tigres" sont les hauts responsables qui se sont tant enrichis au mépris du peuple. Quant aux "mouches", il s'agit des petits chefs qui prennent de l'argent pour attribuer un emploi, une place à l'hôpital ou à l'école.
Le
président estime que le peuple prend ainsi sa revanche. La campagne
anti-corruption se développe depuis quelques semaines. La corruption
s'est généralisée en Chine, et concerne des "sommes de plus en plus colossales et des méthodes de plus en plus crapuleuses", selon Du Daizheng, un ancien ministre, membre du parti communiste depuis 1937.
Francetv info
Afrique : Les agro-impérialistes font main basse sur les terres agricoles
Le Continent africain, qui possède à lui seul un quart
des terres fertiles mondiales, concentre 41% des transactions
foncières, sur un nombre total de 1 515 transactions à travers le monde,
selon un récent rapport de l’ONG ActionAid International, datant de fin
mai 2014. « Depuis l’an 2000, plus de 1 600 transactions de grande
échelle ont été documentées, soit une superficie totale de 60 millions
d’hectares », a avancé l’ONG qui a précisé qu’« aussi, il est probable
que bon nombre d’acquisitions de moyenne ou grande envergure demeurent à
ce jour ni documentées, ni quantifiées ». Ce rapport d’une vingtaine de
pages, intitulé « Hold-up sur les terres : comment le monde ouvre la
voie aux accaparements des terres par les entreprises », nous révèle en
effet l’ampleur de ce phénomène qui menace, non seulement la survie de
millions de personnes dans le monde, mais également les écosystèmes, les
forêts et les espèces animales en danger de disparition.
L’ONG s’est énormément intéressée à l’Afrique, car ce continent est
devenu la nouvelle attraction des multinationales, des fonds de pensions
et des grands groupes agro-alimentaires qui ont acquis, avec les
complicités des gouvernements locaux, des millions d’hectares de terres
arables.Des Etats se sont aussi mis à acheter les terres fertiles pour satisfaire leurs besoins alimentaires et fabriquer les biocarburants. L’Arabie saoudite, le Qatar, l’Inde sont souvent cités dans les rapports de ces ONG qui ont identifié aussi les grandes puissances, comme les Etats-Unis, certains Etats membres de l’Union européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas), et, depuis quelques années, la Chine qui veut avoir sa part en Afrique pour satisfaire sa demande locale. En Afrique subsaharienne, région à forte instabilité politique et sécuritaire, l’accaparement du peu de terres fertiles s’est fait par les autorités qui ont privé des milliers de paysans de leur principale ressource de survie.
La saisie des terres a été facilitée par l’absence des actes de possessions que ces paysans n’ont jamais pu établir, dans une région où les biens sont gérés par les chefs de tribus.
États en guerre, pays à vendre ?
En Afrique subsaharienne, 10% de ces terres arables sont inscrites aux registres officiels. Sous-couvert de relance de l’agriculture pour éradiquer la famine qui ravage régulièrement des millions de personnes dans cette zone aride, les gouvernements locaux ont cédé presque à un prix symbolique des centaines de milliers d’hectares aux fabricants de biocarburants, ont dénoncé de nombreuses ONG, dont Grain qui fait constamment l’objet d’attaques de la part de certains pays acheteurs de ces terres.
Il est aisé de constater que les pays ciblés par ceux qui se font passer pour des investisseurs sont les mêmes qui sont actuellement secoués par les conflits politiques et les guerres ethniques et confessionnelles. L’on peut citer le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo (RDC ou Congo-Kinshasa), le Soudan, la Sierra Leone, le Mozambique, le Liberia, la Tanzanie, le Kenya, le Zimbabwe, le Nigeria et la République congolaise (Congo-Brazzaville). L’île rouge (Madagascar) qui a vécu une crise politique en 2009, suite à une protestation contre la vente de 300 000 hectares de terres à la firme sud-coréenne Daewoo, reste une cible des prédateurs de terres fertiles.
Autrement dit, outre la guerre autour du contrôle des gisements pétroliers et miniers dans ces pays, une autre guerre se déroule loin des regards et de la curiosité des médias qui ne voient souvent en la révolte des pauvres en Afrique que les violences tribales autour de l’exploitation des points d’eau et des zones de pâturages. Pourtant, des dizaines de personnes, entre agriculteurs et éleveurs, subissent la répression de leurs gouvernements qui les chassent à coup de poudre et de bulldozers de leurs territoires qu’ils occupent depuis des lustres. Des territoires qui ne sont pas seulement des espaces de vie économique, mais de cultures ancestrales. Les émeutes de la faim qui ont secoué Maputo en 2010 n’ont pas empêché le gouvernement à céder 6,6 millions d’hectares aux Etats-Unis et à des compagnies étrangères. Le Mozambique dispose de 36 millions d’hectares de terres arables, soit 46% de son territoire, qui sont propres à la culture, et dont seulement 10% sont exploitées.
Au lieu de mettre en place une politique agricole vivrière qui lui garantirait la sécurité alimentaire, le gouvernement de Maputo préfère céder ses terres à la destructrice industrie des biocarburants. Pendant ce temps, 40% des Mozambicains souffrent de malnutrition, selon les chiffres officiels des ONG onusiennes.
La République démocratique du Congo (RDC) n’a pas dérogé à la règle puisque 50% de ses terres fertiles sont passées sous le contrôle des pays étrangers et des firmes internationales qui sont plus intéressés par l’exploitation du sous-sol que par l’agriculture, sans payer la moindre taxe ou redevance.
Et quand ils doivent payer, les sommes sont dérisoires et profitent plutôt aux membres du clan au pouvoir. C’est le cas aussi chez le voisin de la République congolaise qui a cédé 46% de ses terres fertiles aux mêmes prédateurs qui sont à l’affût de la moindre parcelle de terrain cultivable, que ce soit pour l’industrie agroalimentaire ou pour nourrir la population du pays acheteur, comme dans le cas de l’Arabie saoudite et du Qatar, deux pays désertiques qui importent toute leur nourriture. Ces deux pays ont acquis, au prix de la répression menée par le gouvernement d’Addis-Abeba contre les paysans et les éleveurs, des dizaines de milliers d’hectares pour satisfaire leur demande intérieure en fruits et légumes. Les dénonciations des massacres orchestrés par l’armée éthiopienne pour défricher le terrain aux « investisseurs » sont restées lettre morte.
Qui sont les acheteurs ?
« Les États-Unis sont à l’origine de la plupart des investissements conclus (7,09 millions d’hectares), suivis par la Malaisie (3,35 m ha), les Émirats Arabes Unis (2,82 m ha), le Royaume Uni (2,96 m ha), l’Inde (1,99 m ha), Singapour (1,88 m ha), les Pays-Bas (1,68 m ha), l’Arabie saoudite (1,57 m ha), le Brésil (1,37 m ha), et la Chine (1,34 m ha) », énumère le document rendu public par ActionAid International qui cite Land Matrix, un organisme indépendant qui dispose d’une riche base de données concernant les transactions foncières enregistrées à travers le monde.
En plus des Etats acheteurs, les organismes financiers, les fonds d’investissements et les groupes industriels qui ont été lourdement touchés par la crise économique de 2008, ont orienté leur intérêt vers ce marché.
« Une étude menée par la Deutsche Bank Research met en lumière l’existence de trois grands groupes d’acteurs économiques impliqués dans le secteur des terres agricoles : les gouvernements cherchant à acquérir de la terre à l’étranger pour sécuriser leurs réserves en nourriture et en énergie, les entreprises agricoles qui cherchent soit à accroître leur production, soit à intégrer la chaîne d’approvisionnement, et des investisseurs financiers », ajoute le même texte. Les acteurs influents des industries minières, les entreprises de tourisme et les concessions sylvicoles ne sont pas restés à l’écart de cette bataille qui va provoquer, à long terme, une grande explosion sociale sur le continent. « L’étude montre que ces acteurs n’agissent pas de façon isolée. En faisant pression sur la terre, les intérêts d’un des groupes d’acteurs motiveront les actions des autres groupes », ajoute le rapport d’ActionAid International.
Les paysans des pays africains essayent de s’organiser, aidés par les ONG qui tentent tant bien que mal d’alerter l’opinion publique internationale et les hautes instances onusiennes. Un combat qui, pour le moment, est compromis dans bien des cas où les dictatures locales répriment et emprisonnent tous ceux qui osent se mettre face à ce qui est appelé projet d’investissement, développement durable, relance économique, etc.
Titre originel : Afrique : Les paysans africains livrés aux agro-impérialistes
Source : Afriques enlutte
Lire l’ensemble des articles faisant partie du Journal de l’Afrique n°006
Le capital contre l’Islam
Mettant en garde contre l’argent, le prophète Mohammed (PSL) affirmait dans un hadith : « Pour toute communauté il y a
une fitna et celle de ma communauté c’est l’argent » .
Contre la civilisation capitaliste qui réduit l’Homme à l’état de marchandise, l’intellectuel iranien Ali Shariati expliquait qu’« une des mission de Mohammed consiste donc à arracher l’homme de la terre, de cette vie de porc, d’animal, d’individualiste pour le faire évoluer vers Dieu »[1].
Cette mission de faire évoluer l’Homme vers Dieu, le Prophète de l’Islam la réalisa en transmettant le message de l’unicité divine, at-tawhid, contre l’idolâtrie et le fétichisme qui régnaient à l’époque dans la péninsule arabique. L’appel à l’unicité divine reposait sur la négation de la divinité aux idoles de l’époque, tel que Houbal, Uzza, Allat ou Manat, pour ne vouer un culte exclusif qu’à Allah.
De même, avant Mohammed (PSL), les prophètes et les messagers d’Allah (ST) luttèrent contre l’idolâtrie et le fétichisme régnant dans leur société respective au nom du tawhid. Allah dans le Coran nous dit : « Nous avons envoyé dans chaque communauté un messager [pour leur dire] : « Adorez Allah et écartez-vous duTaghout » »[2] ; « et Nous n’avons envoyé avant toi aucun Messager à qui nous n’ayons révélé : « Point de divinité en dehors de Moi. Adorez-Moi donc »[3].
Le prophète Nouh dénonça les idoles Wadd, Sawa, Yaghut, Ya’uq et Nasr[4] et annonce à son peuple : « Je suis pour vous un avertisseur explicite afin que vous n’adoriez qu’Allah. Je crains pour vous le châtiment d’un jour douloureux »[5]. Le prophète Ibrahim brisa les idoles qu’adorait son peuple pour l’appeler au tawhid. Il affirma : « Je désavoue totalement ce que vous adorez, à l’exception de Celui qui m’a créé, car c’est lui qui me guidera »[6]. Dans le Sinaï, le prophète Moussa combattit les adorateurs du Veau d’Or au nom du tawhid.
Le tawhid repose en Islam sur la profession de foi : « La ilaha illa Allah » [Il n’y a point de divinité à part Allah]. Cette profession de foi commence par une négation de toutes les idoles et de tous les fétiches en dehors d’Allah.
Une négation de tous les pouvoirs afin de libérer l’Homme des oppressions sociales pour le lier à Allah. En ce sens l’Islam contient un message profondément libérateur puisqu’il tend à affranchir les Hommes de leurs semblables et des forces sociales oppressives pour lier l’Homme uniquement et directement à Allah.
A propos du caractère libérateur de cette profession de foi, Abd ar-Rahman al-Kawakibi écrivait que les despotes « ont peur de la science, jusqu’à craindre que les gens ne comprennent le sens des mots « Il n’est de Dieu que Dieu », et ne sachent pourquoi (ce verset) est privilégié, et pourquoi l’Islam est fondé sur lui. L’Islam, voire même l’ensemble des religions, est fondé sur le fait qu’il n’est de Dieu que Dieu, c’est-à-dire que personne d’autre que Lui ne saurait être véritablement adoré, personne d’autre que la créature suprême.
Or, l’adoration signifie l’humiliation et la soumission. Dès lors, la signification du verset « Il n’y est de Dieu que Dieu » est que personne d’autre que Dieu ne mérite qu’on s’humilie et qu’on se soumette à lui. Comment les despotes pourraient-ils tolérer que leurs sujets connaissent ce sens et agissent selon lui ? »[7]
Sous le règne de la marchandise, produit par la civilisation capitaliste, le despote ne prend pas forcément l’apparence d’un individu mais plutôt celui d’un système global dans lequel « l’homme n’est plus rien » pour reprendre les mots de Karl Marx. De fait, pour réduire a néant cette profession de foi potentiellement libératrice, la civilisation capitaliste s’attache à intégrer à son système réificateur l’Islam comme toutes les autres formes de cultures non-marchandes qui pourraient réduire ou contester son emprise totale sur la vie des Hommes et des sociétés.
L’Islam réifié, fétichisé, est ainsi intégré dans ses panthéons du marché que sont les grandes surfaces. Il est transformé en bijou doré que l’on porte autour du cou, en habit que l’on revêt, en nourriture que l’on mange. L’Islam fétichisé, vidé de tout contenu spirituel et civilisationnel, se transforme en objet de consommation que l’on achète, que l’on consomme et que d’autres vendent. On vend et on achète de l’Islam comme on vendrait et on achèterait n’importe quel produit.
Cependant cette intégration de l’Islam réifié au panthéon du marché se fait sous la coupe des idoles de la civilisation capitaliste : l’argent, le profit, la marchandise, le marché ou lecapital lui-même. En effet, la civilisation capitaliste divinise ces notions en les transformant en absolu supérieur à l’Homme, aux cultures et aux spiritualités qui doivent impérativement leur être soumis.
Ainsi, à la suite de certains théologiens chrétiens de la libération, comme Hugo Assmann et Franz Hinkelammert, nous pouvons définir le système capitaliste comme idolâtre.
C’est dans la théologie implicite du paradigme économique et dans la pratique dévotionnelle fétichiste quotidienne que se manifeste la « religion économique » de la civilisation capitaliste.
La divinisation du marché fabrique des idoles sans autel visible donc plus difficile à combattre. Pourtant Allah, dans le Coran, a mis en garde à de nombreuses reprises les croyants contre le fait de Lui associer une divinité : « Parmi les hommes, il en est qui prennent en dehors d’Allah, des égaux à Lui, en les aimant comme on aime Allah. Or les croyants sont les plus ardents en l’amour d’Allah. Quand ils verront le châtiment, ils sauront que la force tout entière est à Allah »[8] ; « certes Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne quelque associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allah quelque associé commet un énorme péché »[9] ; « n’invoqué donc personne avec Allah »[10].
Le prophète Ibrahim – al-Khalil - invoquait Allah en disant : « Préserve- moi ainsi que mes enfants de l’adoration des idoles. Ô mon Seigneur, elles (les idoles) ont égaré beaucoup de gens »[11].
Parmi les idoles de la civilisation capitaliste, l’argent tient une place particulière , car il est au fondement de l’échange marchand. La devise de l’idole « argent » est inscrite sur chaque billet de dollar US : « In God we Trust ».
Allah, dans le Coran, nous a pourtant mis en garde contre cette idole qui aliène l’Homme et lui fait confondre l’avoir avec l’être : « Pour l’amour des richesses il [l’Homme] est certes ardent »[12] ; « les âmes sont portées à la ladrerie »[13] ;« A ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans le sentier d’Allah, annonce un châtiment douloureux, le jour où (ces trésors) seront portés à incandescence dans le feu de l’Enfer et qu’ils en seront cautérisés, front et dos : voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-mêmes. Goûtez de ce que vous thésaurisiez »[14].
Mettant en garde contre l’argent, le prophète Mohammed (PSL) affirmait dans un hadith : « Pour toute communauté il y a une fitna et celle de ma communauté c’est l’argent »[15]. Dans un autre hadith, le prophète mit également les croyants en garde contre le fait de vouloir accumuler des richesses pour elle-même : « Si l’Homme avait une rivière d’or, il en voudrait une deuxième et si il en avait une deuxième il en voudrait une troisième mais il n’y a que la terre pour combler les yeux de l’enfant d’Adam (la tombe) »[16]. Mohammed (PSL) avait compris que lorsque l’argent, médiateur de toute chose, se transforme en seul critère de la puissance, l’Homme devient objectivement aliéné par cet argent. Ainsi, celui qui possède de l’argent fini par être possédé par lui.
La civilisation capitaliste et ses nouvelles idoles que sont l’argent, le profit, la marchandise, le marché ou le capital, exigent, comme les fétiches des temps anciens, des sacrifices humains au nom de contraintes « objectives », « scientifiques », comptables, profanes, apparemment areligieuses.
En fait, la théologie idolâtre du marché, depuis Thomas Robert Malthus jusqu’aux institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque Mondiale, est une théologie sacrificielle : elle exige des pauvres, des opprimés, des mostadh’afin qu’ils offrent leurs vies sur l’autel des idoles de la civilisation capitaliste.
Rappelons qu’aujourd’hui près de 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. En France, 2 millions de personnes sont mal nourries. En 2000, sur une population de 6 milliards d’habitants, on en comptait 2,7 milliards vivant au-dessous du seuil de pauvreté, et, parmi eux, 1,3 milliard définis comme « extrêmement pauvres » car disposant de moins d’un dollar par jour.
En 2003, le nombre de pauvres a crû de 100 millions, atteignant 2,8 milliards. En 2005, la France comptait 7,13 millions de personnes, soit 12,3 % de la population, vivant sous le seuil de pauvreté. Dans le monde, en 2005, 1 enfant sur 18 est mort dans sa première année. Cela représente 7,6 millions de décès d’enfants de moins d’un an en une année.
Tel est le visage des pauvres, des opprimés, des mostadh’afin sacrifiés quotidiennement sur les autels des idoles de l’argent, du profit, de la marchandise, du marché ou du capital auxquels la civilisation capitaliste idolâtre voue un véritable culte.
Si l’Islam veut retrouver le caractère libérateur qu’il avait à ses débuts lorsqu’il luttait contre les idoles et les fétiches de la péninsule arabique, il devra affronter les nouvelles idoles que sont l’argent, le profit, de la marchandise, du marché ou du capital. S’il ne s’attache pas à lutter contre cette nouvelle forme d’idolâtrie, il ne sera plus qu’un des multiples objets de la civilisation capitaliste. Un fétiche soumis aux idoles supérieures de la civilisation capitaliste. L’Islam sera alors une religion figée et réifiée liant plus les croyants au monde marchand qu’à Allah.
Dans cette lutte de l’Islam pour la libération de l’Homme, les mostadh’afin ont une place particulière, puisque ce sont les premières victimes de la civilisation capitaliste idolâtre. La foi en cet Islam libérateur, celui qui se réalise dans la lutte des mostadh’afin contre l’oppression de la civilisation capitaliste, s’accomplit nécessairement dans la négation des fausses divinités de l’argent, du profit, de la marchandise, du marché ou du capital c’est-à-dire en retrouvant le souffle libérateur du tawhid.
Notes :
[1] Shariati Ali, Histoire et destinée, Ed. Sindbad, Paris, 1982, page 31
[2] Sourate 16 –Verset 36. Selon Mohammed Hamidullah le terme Taghoutdésigne aussi bien le diable, les idoles que toutes les fausses divinités.
[3] Sourate 21 – Verset 25
[4] Sourate 71 – Verset 23
[5] Sourate 11 – Verset 25-26
[6] Sourate 43 – Verset 26-27
[7] Abdel Malek Anouar, Anthologie de la littérature arabe contemporaine, Ed. Seuil, Paris, 1965, page 68
[8] Sourate 2 – Verset 165
[9] Sourate 4 – Verset 48
[10] Sourate 72 – Verset 18
[11] Sourate 14 – Verset 35-36
[12] Sourate 100 – Verset 8
[13] Sourate 4 – Verset 128
[14] Sourate 9 – Verset 34-35
[15] Rapporté par at-Tirmidhi
[16] Rapporté par al-Boukhari et Mouslim
Source : http://oumma.com/202684/capital-con...
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